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Politiques grand âge

Et si Maslow s'était trompé ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 13/11/2017

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Merci Eric Fiat

Quel plaisir de partager avec vous les retours de notre 10ème colloque sur les approches non-médicamenteuses, sous le Haut Patronage de monsieur Emmanuel Macron, Président de la République. Pour cet anniversaire, nous avions choisi de traiter de "l'art pour prendre soin".

Un millier de professionnels d'EHPAD (Etablissements pour personnes âgées dépendantes), centres hospitaliers, services d'aide et de soins à domicile, structures pour personnes en situation de handicap, Clic, réseaux... se sont mobilisés ces 9 et 10 novembre à la Cité des Sciences à Paris.

Et si Maslow s'était trompé ? a provoqué Eric Fiat, professeur de philosophie et grand habitué de nos colloques.

Et si l'on interrogeait sa pyramide des besoins fondamentaux pour rappeler à quel point l'homme est un être bio-psycho-social ?

Et si l'on questionnait le prendre soin avec en ligne de mire la définition de complet bien-être physique, mental et social qu'est la santé selon l'OMS, Organisation mondiale de la santé ?

Bien sûr on me rétorquera qu'il faut bien des repères pour identifier les besoins, ne pas en oublier, et tenter d'y répondre. Mais même avec ses 14 besoins, le modèle de Virginia Henderson est de plus en plus interrogé. Au Québec par exemple Laurie N.Gottlieb propose "Les soins infirmiers fondés sur les forces", de ne pas partir des besoins, des déficits, des manques mais plutôt des capacités des personnes malades, handicapées et... vivantes.

Certes l'instinct de survie nous pousse à respirer, boire, manger, éliminer, nous mouvoir, nous reposer (dormir) puis selon Virginia Henderson nos besoins seraient de rechercher à nous vêtir (et dévêtir), à garder notre température corporelle, à rester propre, à éviter les dangers, à communiquer avec nos semblables, à agir selon nos croyances et nos valeurs, à nous occuper en vue de nous réaliser, à nous recréer, à apprendre.

La pyramide de Maslow lui ressemble avec à la base les besoins de survivance (physiologiques tels que boire, manger et les besoins de sécurité, de protection, ou d'une bonne assurance). Viennent ensuite les besoins d'appartenance, les besoins sociaux (faire partie d'une famille, d'un groupe, d'une tribu). Arrivent alors les besoins d'estime de soi et enfin au sommet de la pyramide les besoins de s'accomplir.

Or Eric Fiat souligne la nécessité absolue pour un homme de se reconnaître avant tout dans le regard d'un autre, de développer la confiance, l'estime de soi, ses projets, petits et grands. Ce besoin de partage, de reconnaissance réciproque se révèle aussi dans les projets pour améliorer la qualité de vie au travail : du safari photo aux premiers outils de l'HAS.

Si un jour il doit entrer en institution, Eric Fiat souhaite emporter ses morceaux de musique favoris, des poèmes, un tableau.

Voilà de jolis "besoins" à ajouter à la liste des "procédures" d'accueil, de suivi, d'accompagnements quotidiens pour devenir des Lieux de Vie-Lieux d'envies : un des principes du Label Humanitude remis cette année par Marie-Anne Montchamp, présidente de la CNSA. Elle a salué au nom du gouvernement ces institutions labellisées qui "renversent les dogmes d'organisations descendantes pour produire des réponses sensibles, intelligentes et vertueuses" pour et avec les personnes accueillies et avec les professionnels qui y travaillent.
Et chaque professionnel a son rôle à jouer pour assurer la qualité de l'ambiance sensorielle de ces lieux de vie, rappelle Philippe Crône, auteur du livre "Animer en Humanitude".

Cette exigence de liberté, de respect de ses choix, comme chez soi s'impose de plus en plus, estime Pascal Champvert de l'AD-PA. L'exigence d'un prendre soin citoyen, de qualité monte dans les institutions, souligne Patrick Doutreligne. Il va s'agir de trouver l'équilibre entre les contraintes collectives (normes, réglementations, finances) et la recherche de sens, de valeurs analyse le président de l'Uniopss, qui se prépare à changer de nom pour ses 71 ans !

Trouver des réponses sensibles, intelligentes, vertueuses : tout un art !
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