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Accompagnements & soins

Une infirmière excédée écrit à Agnès Buzyn

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 15/01/2018

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Ce n’est pas ça mon métier

Annie de VivieAlors que l'appel intersyndical à la grève ce 30 janvier des professionnels des Ehpad, du domicile, s'étend aux professionnels de santé, Mathilde Basset, infirmière, a écrit à Agnès Buzyn et a été fortement relayée sur les réseaux sociaux.

Elle a travaillé aux urgences, puis au sein de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du Centre hospitalier du Cheylard en Ardèche.

Le 27 décembre dernier elle décrit : "Je presse les résidents pour finir péniblement ma distribution de médicaments à 10h15 (débutée à 7h15), je suis stressée donc stressante et à mon sens, maltraitante." (...) "Je brusque les résidents"... ne suis "disponible pour personne" et suis incapable de "créer le moindre relationnel avec les familles et les usagers".

Elle parle d'"usine d'abattage qui broie l'humanité des vies qu'elle abrite, en pyjama ou en blouse blanche".

Elle craque : "Je rends mon uniforme", "dégoûtée, attristée", "par les conditions de travail des personnels soignants. Après avoir écrit à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, une pétition circule sur les réseaux sociaux.

Ces écarts entre les valeurs enseignées dans les formations initiales et partagées par les professionnels avec celles vécues au quotidien dans les services d'aide et de soin... les professionnels ne les supportent plus.

Ils veulent retrouver leur métier de l'aide et du soin qui consiste à s'adapter, s'ajuster à l'autre, cette personne malade, fragilisée.

Leur métier est d'entrer en relation avec l'autre à chaque soin, chaque jour, chaque nuit (voir ces veillées en pyjama cette semaine).

Sans cette conscience de la relation, le risque de soin de force pointe. Le sentiment de l'abattage aussi comme l'appelle Mathilde Basset, avec ces soins qui se suivent à la chaîne, sans penser comme pour se protéger de la non-relation justement...

On voit que les pièges se referment les uns derrière les autres sur ces professionnels. A leur corps défendant.

Ces métiers de l'aide et du soin ne peuvent s'exercer sans une équipe suffisamment nombreuse, formée, et surtout managée dans le sens d'un prendre soin ajusté au projet de la structure (service à domicile, service de soin, résidence, Ehpad...).

Ces métiers évoluent constamment. Ils s'enrichissent des technologies nouvelles qui s'exportent et apprennent à respecter de nouvelles règles de sécurité des données. Ces métiers savent qu'ils vont devoir s'adapter à de nouvelles clientèles (seniors, aidants), de nouveaux salariés (Générations Y, Z) que les services peinent à recruter (postes vacants, absentéisme, manque d'attractivité).

Ces métiers accompagnent avec professionnalisme les situations les plus complexes de la vie (handicaps, polypathologies, maladies neurodégénératives) jusque la toute fin (voir la charte du département de la Vendée et la recommandation Anesm).

Magnifiques métiers qui permettent d'aider à vieillir debout au regard de la révolution de la longévité qui s'accélère, d'éviter des hospitalisations inutiles, des surconsommations de médicaments, la dénutrition, l'épuisement des proches aidants...

Des métiers de l'aide et du soin dont les professionnels veulent être fiers.
Ils veulent retrouver la noblesse de ces métiers !

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