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Qualité & management

Faut-il un ministre des vieux ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 07/04/2014

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Annie de VivieUn gouvernement chasse l'autre. C'est une spécificité française.
A la veille de nouvelles nomination, je m'interroge. faut-il un ministre dédié aux personnes âgées, aux vieux ?

Oui, il faut un ministre (ou secrétaire d'Etat) qui porte les attentes, besoins, revendications des 16 millions de retraités
, de personnes âgées, leurs familles, leurs proches aidants, mais aussi un ministre qui connaisse et entende les centaines de milliers de professionnels intervenant à domicile, en établissements, centres de santé...

Oui, il faut une personnalité qui fasse évoluer le regard âgiste de notre société sur le vieillissement. Vieillir est une chance, une réalité individuelle et collective positive (rappelons que 8 octogénéraires sur 10 vivent bien avec leurs "pluri-mini-handicaps"), positive pour notre économie (Silver Economie), pour les emplois (de proximité non délocalisables)...

Oui, il faut incarner la défense des droits des personnes qui se fragilisent, qui deviennent vulnérables, et dont les proches eux-aussi ont besoin d'aide.

Oui, il faut un ministre qui gagne ses arbitrages au sein du gouvernement (un vrai "5e risque" défendu par le candidat Hollande se chiffre en milliards d'euros), qui défende les crédits votés pour l'aide à l'autonomie (pour ne plus assiter aux détournements de crédits CNSA ou de la CASA : contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie) et qui décloisonne les tuyaux d'orgue du médico-social (amont et aval de l'hôpital, préventions, aides et soutiens à domicile).

Oui mais ...
Pas un ministre qui incarne par son portefeuille les "âgés, aînés" au détriment des autres,
qui maintienne ainsi la discrimination liée à l'âge (notamment pour la compensation des situations de handicap, rappelle l'APF).

Oui mais ...
Pas un ministre qui relance de nouveaux rapports et études sur les enjeux du vieillissement.
Tout a été dit et écrit: il faut maintenant des actes pour faire évoluer la gouvernance de l'aide à l'autonomie, revoir l'outil d'évaluation des besoins d'aide, diminuer les "restes à charge" des personnes concernées, valoriser les professionnels, faire évoluer l'urbanisme, les logements, l'accessibilité, le design pour tous, la prévention dès le plus jeune âge, la lutte contre isolement ...

Oui mais ...
Pas un ministre qui donne son nom à une loi sans moyens
, et par conséquent lourdement déceptive (voir les pétitions, les mobilisations des professionnels épuisés en Bretagne, des syndicats de retraités, de France Alzheimer cette semaine encore).

Pas un ministre qui taxe les seuls retraités pour financer les services aux plus âgés fragilisés.

Si aucun moyen n'est arbitré, il faut pouvoir le dire et mobiliser d'autres leviers susceptibles de générer des économies en limitant les gaspillages. Un trés salutaire "choc de simplifications" (du millefeuille administratif, des normes) permettrait de rationnaliser les dépenses. Une attention portée aux initiatives de terrain, issues de la société civile comme ces nouvelles formes d'habitats regroupés, ces réseaux de voisinage, ces entreprises innovantes, ces expérimentations, ce label Humanitude mis au point par les maisons de retraite pilotes, permettrait de repérer les expérimentations génératrices d'économies et de bien-être pour les valoriser, les labeliser et les diffuser.

A quoi bon un ministre qui consacre ses maigres crédits à reproduire des outils qui existent déjà (la CNSA doit financer un annuaire des maisons de retraite qui existe déjà et qui en plus est gratuit... sur Agevillage notamment).

Oui mais...
Pas un ministre de "plus" mais "en lien avec"
ceux de l'économie, des finances, du logement (urbanisme, normes), de la santé (Stratégie nationale de santé, paerpa, préventions), de la justice (droits et protections des plus vulnérables, recours, risque de maltraitances), de la formation, de l'éducation ...

Alors Oui
A un ministre de l'autonomie, de la solidarité, de la citoyenneté, de la lutte contre les inégalités sociales, de la Prévention et du vivre ensemble (car aujourd'hui, ce sont quatre voire cinq générations qui vivent les unes à côté des autres).

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