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Accompagnements & soins

Les métiers du lien à nouveau à l'honneur

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 24/06/2020

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Alors que le coronavirus circule toujours

Alors que la crise sanitaire se calme mais que le virus circule toujours ;

Alors que cette crise a mis en lumière l'importance clé des métiers du prendre soin pour toute notre société (voir le journal de bord d'un service d'aide à domicile pendant la crise) ;

Deux rapports interpellent cette semaine notre pays.

D'un côté l'OCDE s'allarme du sous-effectif marqué en France : 2,3 professionnels pour 100 personnes de plus de 65 ans pour 5 en moyenne dans 28 pays. En plein Ségur de la Santé, au lendemain de manifestations nationales, en lien avec les revendications de l'inter-syndicale SAPA, l'OCDE invite à un doublement de ces professionnels à court et moyen terme, ce qui dépasse les conclusions du rapport Libault de mars 2019, souligne l'AD-PA.

Mais de quels professionnels, de quels métiers parlons-nous ?

Des "petits métiers", des "métiers de bonnes femmes", sans statut clair et valorisé, aux salaires non attractifs (et même sous le Smic), aux conditions de travail effrayantes avec des temps de travail qui ne reposent que sur le temps d'intervention (au quart d'heure près, sans compter les temps de transport, de transmission, de communication, de lien), une amplitude horaire énorme (de 7h à 19h) avec des coupures, sans formations suffisantes pour connaître et prendre soin de situations complexes en gériatrie et gérontologie (polypathologies, troubles du comportement, attentes des proches aidants, fins de vie...).

Après lerapport El Khomri fin 2019, deux hommes, deux députés, François Ruffin (FI) et Bruno Bonnel (LREM) se sont saisis de cet enjeu social et vont déposer ensemble une proposition de loi valorisant clairement les métiers du lien.

"Nous demandons à vivre de notre métier" expriment les aides à domicile pendant la conférence de presse en ligne. "C'est impossible à 800 euros par mois, à temps partiel. D'autant que nous sommes utiles pour maintenir l'autonomie et accompagner à domicile ces personnes fragilisées. Nous étions des soignants pendant le covid et on nous oublie pour la prime".

"Ce sont des femmes qui font ces métiers. Elles l'ont fait gratuitement depuis des siècles, loin des regards, dans les domiciles. Aujourd'hui, la société les paye un peu. Il ne faudrait pas qu'elles se plaignent en plus !" provoque François Ruffin. Il rappelle les propos du Président de la République pendant la crise sanitaire : "Notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que notre pays rémunère si mal."

Ces soignants se projettent sur l'avenir. Ils imaginent les évolutions de leurs métiers, de leurs formations. Ils continuent de mener des projets (voir les Lauréats de la Bourse Charles-Foix 2020).

Alors que les budgets de renforcement des ressources humaines représentent 60 % des "surcoûts" de la crise selon l'Uniopss, "ces métiers du lien ne sont pas des coûts mais des investissements d'avenir", insistent les députés. Ils sont indispensables au bon fonctionnement de notre société : qui n'a pas un proche fragilisé autour de lui ? Qui n'a pas l'intention de bien vieillir ? Ces investissements auront des impacts positifs sur les plans individuels, collectifs, économiques. Avec plus de liens dans notre société qui en a besoin, avec plus de prévention pour limiter les soins évitables.

Alors que le5eme risque n'est plus tabou au gouvernement et pour ne pas que les sous-effectifs s'aggravent encore en France (faute de candidats motivés nottament), ce projet de loi sur les métiers du lien vise à traduire ces futurs financements, en centaines de milliers de vrais emplois, de vrais métiers valorisés, avec un cadre national en terme de statuts, de rémunérations et de conditions de travail (et non plus départemental). Au sein d'un service public du lien pour François Ruffin, au sein d'association et d'entreprises à missions, en délégation de service public pour Bruno Bonnel.

Une mobilisation gouvernementale, parlementaire consensuelle, syndicale, professionnelle, vraiment bienvenue pour tout le secteur du grand âge.
A quand des liens avec des décisions sonnantes et trébuchantes (primes) vers une vision positive des enjeux du vieillissement ?

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