Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Qualité & management

Une douche quotidienne, c'est trop vous dites ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 20/06/2011

0 commentaires

L'expérience de Louis Van Proosdij Duport, tétrapélgique de 43 ans, devant assumer de ne plus avoir de douche quotidienne, est remontée au plus haut sommet de l'Etat.

Cette médiatisation montre de mon point de vue, un manque de prise de conscience des réalités quotidiennes tant pour les services à domicile, que dans les institutions. Les personnes âgées fragilisées, les familles ou les proches ont du mal à faire part d'attentes parfois aussi simples qu'une aide à la toilette quotidienne, et si possible d'une douche.

Questions de moyens, de financements, d'organisations, de fonctionnements ... de formations aussi.

Ainsi, la "toilette au lit" reste majoritairement enseignée aux futurs soignants. Difficile ensuite d'instaurer une douche quotidienne quand on ne l'a pas apprise, quand elle ne coule pas de source dans les organisations.

Difficile également pour une institution d'accepter l'idée qu'elle ne sait pas forcément mieux que la personne aidée, ce qui est bien pour elle. A l'heure d'Internet, de Twitter et de Facebook, les institutions vont-elles enfin cesser d'être sourdes à la parole de leurs "clients" ?

Les architectures des institutions n'avaient pas forcément conçu des points d'arrivée d'eau, des salles de bain suffisamment nombreuses et accessibles. Les domiciles sont parfois bien compliqués. Ils nécessitent des "aides techniques" (à connaître, à mobiliser... à financer).

L'aide à la "douche quotidienne" des personnes fragilisées aidées ne semble pas faire (encore) partie des critères qualité des établissements et services médico-sociaux.

Regardons les organisations du travail, elles sont souvent contraintes (budgets, tarifs plafond, convergence budgétaire) mais aussi statiques. Elles tiennent peu compte des demandes individuelles. "Les toilettes doivent être terminées en fin de matinée". Interrogeons-nous : pourquoi ? pour qui ?
Pour éviter de reporter un soin ? Parce que le personnel n'est pas disponible plus tard (à domicile) ? Parce que "c'est le travail de l'équipe du matin" (en institution) ? Parce que les familles qui viennent voir leur proche le veulent propre et présentable à partir de midi ?

Les ratios de personnels sont parfois tels que les "petites toilettes" quotidiennes sont complétées d'une douche, d'un bain... une fois par semaine, voire une fois par quinzaine selon les institutions. La FHF salue cette semaine la recommandation d'un groupe d'experts de "ratios de personnel opposables" aux besoins en aides et soin des résidents.

Sans nous étendre, ici, sur les toilettes qui dégénèrent en "soins de force", qui épuisent physiquement, nerveusement et psychiquement les personnes fragilisées, mais aussi les soignants.

Que de pièges autour de ces toilettes pourtant si importantes pour le respect des personnes aidées.
Espérons que la "crise" déclenchée par la protestation de Louis Van Proosdij Duport, que les recommandations d'experts des débats sur la mal nommée "dépendance", feront prendre conscience de ces pièges, des questions soulevées, qui attendent des réponses concrètes, pratiques, à tous les niveaux.

Partager cet article