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Accompagnements & soins

Déserts médicaux : les personnes âgées parmi les premières victimes

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 13/04/2022

1 commentaires

Alors que le Sénat appelle à « agir avant qu’il ne soit trop tard » en matière de déserts médicaux en agissant sur l’installation des médecins, que l’accès aux soins se détériore de jour en jour, notamment en Ile-de-France où seule 3,7 % de la population a accès à un médecin dans des bonnes conditions, le docteur Bernard Pradines tire à son tour la sonnette d’alarme, rappelant que les personnes âgées comptent parmi les premières victimes de cette démographie médicale en berne.

Les temps changent. Il y a, pourquoi ne pas s’en réjouir, de plus en plus de personnes âgées. Si vous écoutez le clairon répétitif de l’optimisme, la vieillesse n’est pas une maladie. D’autres, plus perspicaces, nous rappellent que la vieillesse s’accompagne bien davantage de maladies chroniques que toute autre période de la vie. Proportionnellement au nombre des personnes concernées, les difficultés de mobilité et les troubles cognitifs y sont bien plus fréquents qu’à tout autre âge. Les consultations demandent souvent une durée plus longue car plus complexes et concernant des personnes plus lentes physiquement et intellectuellement.

Si les visites à domicile disparaissent, nul doute que bien des patients ne consultent pas à temps. Quand ils doivent s’y résoudre, en l’absence de « permanence des soins »1, c’est vers des urgences hospitalières qui ne sont pas prévues à cet effet car calibrées pour les pathologies graves et aiguës. Sans parler du déplacement en ambulance qui peut être au moins désagréable, au plus traumatisant malgré les attentions bienveillantes des ambulanciers. Sans compter le coût indu. Ce phénomène peut être accru pour des résidents d’Ehpad ne possédant plus de médecin traitant devenu introuvable2. Que dire des soins palliatifs qui nécessitent une surveillance attentive de proximité, parfois heureusement maintenue par des paramédicaux déterminés, y compris la nuit et le week-end ? Si tel n’est pas le cas, faudra-t-il s’étonner de la pression en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, techniques programmables et expéditives ?

Face à une situation qui s’aggrave du fait de la perspective de retraite des générations âgées de médecins, il devient urgent de réagir en envisageant toutes les voies possibles pour limiter un désastre annoncé. Ainsi, le regroupement de soignants, par exemple en centres de santé pourvus d’antennes plus ou moins distantes, la participation accrue de paramédicaux aux activités médicales, l’allégement des tâches indues de secrétariat et de gestion qui incombent aux médecins3 , sont-elles des pistes de réflexion urgente à envisager. Il est temps de s’impliquer dans un engagement citoyen interpellant les élus et la puissance publique.

Ceci pour ne pas en arriver à la coercition sur les médecins en obligeant certains d’entre eux à s’installer contre leur volonté car il n’y aura plus d’autre solution. Une régulation4 qui ne réparerait même pas à elle seule des politiques imprévoyantes menées depuis des décades.

[1] Permanence des soins : terme technique qualifiant la garde médicale ininterrompue
[2] Souvent aussi sans médecin coordonnateur
[3] La paperasse dont ils se plaignent
[4] Certains parlent de contraintes
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SCHEFFER

Malgré tout le respect et l'admiration devant tout le travail accompli par le Dr Pradines, je me permets de lui faire quelques remarques.
La mobilisation citoyenne est certes nécessaire, mais il faut bien constater que toutes les manifestations en particulier celles organisées par la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et maternités de proximité, ont rarement permis d'empêcher la fermeture d'un service, ou d'un petit hôpital et de stopper l'extension des déserts hospitaliers
Les multiples manifestations des hospitaliers depuis maintenant 3 ans n'ont pas permis de modifier la gouvernance hospitalière et la perte d'attractivité des Hôpitaux vis-à-vis des médecins et personnels soignants.

Concernant les déserts médicaux en médecins généralistes sous spécialistes, avant de parler de coercition, en obligeant à des jeunes de s'installer dans des déserts médicaux, il était facile comme pour les sages-femmes, Kinésithérapeutes, infirmières et pharmaciens, de ne pas leur permettre de s'installer dans des zones pourvues, en leur supprimant l'accès à la convention avec les CPAM (patients non remboursés).

Mais les déserts médicaux en généralistes, spécialistes et les déserts hospitaliers (40% de postes vacants dans nos hôpitaux généraux), ne sont pas les seuls.
Ils sont aussi dans dans les centres de santé public , les maisons de santé libérales, les EHPAD, les hôpitaux psychiatriques, les CMP, les PMI, la médecine scolaire, la médecine du travail, la santé publique, la médecine pénitentiaire...

Le manque des médecins est partout, dans toutes les disciplines, dans toutes les formes d’activité, salariées et libérales. Il s’agit donc à mon sens de voir l’ensemble des problèmes et de les solutionner en même temps, ce qui est possible.
La solution c'est un "Clinicat-Assistanat pour tous", en fin d'internat, obligatoire pour tous les futurs généralistes et les futurs spécialistes, d’une durée de 3 ans. L’activité serait partagée entre divers établissements, à l’image des assistants partagés actuels entre hôpitaux Généraux (CHG) et CHU. Les chefs de clinique-Assistants auraient leur activité entre CHU et CHG pour les futurs spécialistes; entre CHG-CHU et PMI, CMP, santé publique, santé scolaire, médecine pénitentiaire, médecine du travail, EHPAD… ; entre CHG et centres de santé et maisons de santé… Il s’agit donc par un seul et même dispositif de solutionner en quelques années l’ensemble des manques criants et urgents de médecins dans tous les domaines, dans toutes spécialités, sans pénaliser une catégorie, les futurs généralistes par exemple, ou les étudiants en médecine peu fortunés, obligés de s’installer dans un désert pour se payer leurs études. Cela évitera de plus le dumping entre villes, entre départements pour recruter ou débaucher, les jeunes en fin d'internat, ou ceux déjà installés et répondant à une offre plus alléchante. Il faudra définir par région, département et territoire, les manques les plus urgents en généralistes et spécialistes, et en tirer les conséquences sur la répartition par spécialité pour la première année d’internat et pour les postes de "Clinicat-Assistanat"

La motivation de ma proposition est sur le lien "Vision Globale -Solution globale":
https://1drv.ms/w/s!Amn0e5Q-5Qu_sAoKetf_T8OKk2Io?e=GfjeRj?e=4YzGt2
Dr SCHEFFER cardiologue , ancien médecin chef au CH d'Albi