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Qualité & management

Domicile, Ehpad, RH : quand le système est à bout, il se renverse ?

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 09/02/2022

1 commentaires

Après les grèves de 2018, les rapports éclairants qui ont suivi, le report de la loi Grand âge, la crise sanitaire qui perdure, la déflagration du livre Les fossoyeurs sur les Ehpad, les pénuries de personnels s'aggravent.

Jusqu'où ? Est-ce que le système va, pourrait se renverser ?

Renverser la recherche sidérante et mortifère d'optimisations excessives, de profits sans limite, vers des services, des entreprises à mission, évaluées, contrôlées, labellisées.

Renverser les prises en soin centrées sur les personnes concernées, valorisant les métiers du lien qui ne lâchent rien et demandent reconnaissance et salaires égaux pour tous.

Renverser l'image de ces métiers en rappelant, en exigeant, le haut niveau de professionnalisme requis pour prendre soin de ces situations complexes, présents, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 nécessitant un relais pluridisciplinaire cohérent, doté, financé. Un professionnalisme acquis via les formations initiales à repenser, via des mises en situations continues, des immersions, des "vis ma vie".

Renverser les priorités sur la singularité des personnes aidées, sur la qualité de vie au travail qui s'impose au risque d'exploser les coûts de la non-qualité (épuisements, fuites, arrêts, absentéisme).

Renverser les idéologies, renverser la priorité qu'est le territoire pour prendre soin des situations de vulnérabilité, en proximité, dans des villes, des territoires amis des aînés.

Renverser l'âgisme, la surprotection ou l'abandon des personnes en situation de grande vulnérabilité dans une grande politique publique qui défendent leurs droits, leur citoyenneté, leurs capacités d'action, debout, jusqu'au bout de leur vie.

Renverser la notion du temps, avec Christelle Mathevon d'Humanitude Vie Sociale cette semaine, en prenant le temps de poser les priorités, au risque sinon d'être débordés et entraîner vers des situations à risque de plus en plus extrêmes. Renverser les problèmes en projets, et faire du temps un allié.

Renverser les priorités pour positionner l'éthique au cœur des pratiques, du prendre soin, via des espaces de réflexion éthique qui alimentent la culture partagée de toutes les parties prenantes, toutes reconnues, entre pair-aidants.

Renverser institutionnalisation vers des structures ouvertes, transparentes, de confiance, rassurantes, attirantes.

Renverser le pouvoir en affirmant que les personnes concernées sont les seules à avoir les clés de leur vie, de leur singularité, en lien (ou pas) avec des proches aidants, des professionnels, des experts qui connaissent le poids des mots. Comme le montre la Fondation Partage et Vie : promouvoir la “vie bonne” c'est “commencer par se mettre au plus proche des personnes, de leur vécu, de leur temporalité et de leurs désirs, de se préserver le plus possible de la définir à leur place”.

Renverser les logiques de coûts, de financement en rappelant, en priorisant les emplois à clés, les territoires équipés, la diminution des coûts de la non-qualité, exponentiels sinon.

Renverser les logiques de financements centrés sur des indicateurs qualité complémentaires aux célèbres GMP/PMP, des indicateurs suivis, évalués par les personnes directement concernés, avec leurs proches aidants, les professionnels de terrain

Renverser les priorités dans cette campagne électorale "Tefal" où rien n'imprime, tout glisse, rien n'accroche alors que les demandes explosent, que les professionnels s'affolent des pénuries qui s'aggravent, que l'image des établissements et services se dégradent encore.

Et si les premiers concernés, les personnes qui avancent en âge, renversaient la table ? Il semble que leur parole se libère, comme celle de leurs proches aidants, de leurs familles qui osent lancer des actions collectives, comme un #Metoo vieux, vieille, aidant, Ehpad...

Le Cnav(collectif national auto-proclamé de la vieillesse) organise ainsi un rassemblement ce 14 février à 17h à Paris. En vue de l'élection présidentielle et avant les législatives, on voit se profiler au mois de mars des mouvements et des communications tous azimuts des acteurs du handicap, du grand âge, de la protection sociale, pour un droit à compensation universel, intégral, garantissant une vie autonome !

Pour renverser les logiques, ré-enchanter le secteur du grand âge, adapter concrètement notre société à son vieillissement.

C'est possible.

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Bernard PRADINES

Oui il peut se renverser mais il ne le fera pas tout seul. Nous devrons être nombreux à l'y aider. Merci pour cet édito.