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Réseaux & territoires

Ehpad ressources, Ehpad à domicile, habitats inclusifs : quand un bailleur social mobilise

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 6 min

Date de publication 07/12/2022

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L'Office public de l'habitat de la Vienne (bailleur social), avec Terre&Mer Habitat, organisaient ce 6 décembre au Futuroscope à Poitiers la troisième édition de son colloque pour les acteurs du grand âge et du handicap, animé par Annie de Vivie. Quelles pistes pour les Ehpad face aux crises qui s'enchaînent ? L'Ehpad à domicile : une utopie ? Quels parcours et premiers enseignements pour ces habitats inclusifs qui sortent de terre ?

Les crises s’enchaînent au risque d’épuiser : quelles pistes pour rester raisonablement optimistes ?

"Nous ne sommes pas sortis des crises. Je dirais même que nous sommes en plein dedans" estime Estelle Furet directrice d'Ehpad à la Croix Rouge Française qui expérimente un Drad.

Après le pic de la crise Covid qui ne nous lâche pas, après la déflagration du livre Les Fossoyeurs dont l'auteur Victor Castanet vient d'obtenir le prestigieux Prix Albert Londres... "les réactions outrées et le seul renforcement des contrôles renvoient beaucoup d'hypocrisies des élus, des pouvoirs publics, de certaines familles" estime Damien Daubisse, directeur de plusieurs Ehpad et président de la Fnadepa 86. "Notre problème numéro un est l'attractivité de nos métiers, la valorisation de nos structures avec les moyens associés".

"Nous sommes prêts à être contrôlés" affirme Jeanne-Chantal Docquier, directrice de l'Ehpad Les mimosas en Vendée, labellisé Humanitude. "Nous avons reformé voire déformé les professionnels qui avaient perdu du sens au travail. Nous avons choisi de répondre aux exigences du référentiel du label qui décline en 500 critères les 5 principes de l'Humanitude : zéro soin de force sans abandon de soin, vivre et mourir debout, respect de la singularité ( du domicile, du chez soi), ouverture sur l'extérieur, lieu de vie - lieu d'envies. Malgré nos contraintes en tant que structure publique territoriale, malgré notre taux d'encadrement à 0,6, nous venons de renouveler notre label".

Le mantra de Jeanne-Chantal Docquier ? "Accompagner les hommes vieux c’est d’abord écouter et entendre ce que ces hommes vieux ont à nous dire, sur le comment ils souhaitent, ou pas d’ailleurs, qu’on les accompagne."

Elle reste en colère face aux aberrations perdurent dans le système : avec ces "primes à la grabatisation quand le GMP/PMP baisse alors que nous améliorons la qualité, l'autonomie des habitants", avec ces formations initiales qui ne permettent pas de savoir accompagner les situations complexes, comme les troubles du comportement...

Et si la démocratie en santé, la participation des habitants, des parties prenantes à la gestion de la structure étaient une des pistes ? Les Conseils de la vie sociale (CVS) vont évoluer en 2023 sachant que leurs représentants ne sont pas satisfaits.

Alors que des initiatives s'installent sur les territoires pour former les membres, les outiller comme les Inter-CVS initiés en Essonne, Claude Meunier, vice-président du CDCA 79, a partagé sa fonction de correspondant territorial du CDCA dans des CVS des Deux-Sèvres. Regards neutres, distanciés, pérennes, sortes de médiateurs constructifs avec les parties prenantes, soutien au long cours à la structuration des CVS, connaisseurs des arcanes du médico-social... ces correspondants font aussi remonter leurs constats aux CDCA pour ajuster les politiques départementales.

De la sénatrice Michèle Meunier, co-rapporteure à la commission des affaires sociales sur les contrôles des contrôles en Ehpad, à Valérie Dauge, première vice-présidente du Conseil départemental de la Vienne en charge de l'autonomie, des personnes âgées et handicapées, les élues saluent l'engagement de terrain des professionnels, mobilisent les services pour mutualiser les ressources en évitant le sentiment de concurrence ente services vers de nouveaux modèles d'organisations, d'habitats.

Tous estiment qu'une vraie loi Grand âge est maintenant urgente.

Retrouvez les intervenants de cette table ronde en images.

Des Ehpad ressources vers le domicile

Le dispositif M@do de la Fondation Partage et Vie fête ses dix ans cette année. Il est né en 2012 en Corrèze et intègre tous les services d'un Ehpad (prises en soin, repas, présence 24 heures sur 24, évaluation et suivi multidimensionnel) avec un prix de journée associé. Il subit lui aussi les difficultés de recrutement, et est financé jusqu'en 2027. Et après ? s'inquiète Mathieu Duthin son directeur.

De leur côté, les Drad (dispositifs renforcés de maintien à domicile) continuent leur expérimentation financée par l'Assurance Maladie (arrêtés de 2020, 2022) avec un forfait soin dédié.

Le Drad est en appui des services existants et vient assurer l'évaluation multidimensionnelle (logement, santé, lien social), la mise en œuvre et le suivi du projet de vie/d'accompagnement personnalisé et donc du projet de soin comme l'expliquent Estelle Furet, directrice de l'Ehpad Croix Rouge Les Marronniers à Rouillac en Charente avec Franck Olivier Petit, infirmier coordinateur (acteurs du dispositif "Vivre@lamaison") et Patricia Chesneau infirmière coordinatrice au dispositif Vivam (Vivre en autonomie à la maison) du Groupe Hospitalité Saint Thomas de Villeneuve près de Rennes.

Reste à connecter les équipes avec des outils repensés, reste à évaluer les impacts de ces expérimentations au regard des cohortes suivies (recours aux urgences, reculs de l'âge d'entrée en structure, consommations médicamenteuses) pour les pérenniser.

Les sourires, les remerciements des personnes aidées qui se ressortent, reconduisent, refont des projets, le soulagement des proches aidants... c'est ce qui motive fondamentalement ces porteurs de dispositifs partant d'un Ehpad vers les domiciles.

Tables rondes à retrouver en image ici

Vers de nouvelles formes d’habitats pour les seniors inclusifs, intégrés et pas intermédiaires”

Les multiples porteurs de projets d'habitats partagés ont vu leurs habitats finir par sortir de terre, explique Florence Delisle-Errard, vice-présidente du réseau Hapa.

Après la loi Elan qui légitime ces habitats, le réseau Hapi et son portail https://monhabitatinclusif.fr/, les porteurs sont maintenant plus aidés sur les volets ingénierie sociale et architecturale, sur les montages juridiques et financiers, sur les subventions et aides possibles.

Ce sont les projets des citoyens qui ont fait bouger le cadre juridique, analyse Florence Delisle-Errard. Elle espère que le cadre va se stabiliser pour libérer les réflexions sur le vivre-ensemble entre voisins, entre générations, avec les impacts et bénéfices à valoriser ainsi que les limites à analyser et dépasser.

L'Aide à la vie partagée (AVP), créée par la loi de financement de la Sécurité sociale de 2021, vient financer les aides à l'autonomie et la professionnalisation de l'animation de la vie sociale, de la vie de quartier.

Sans professionnels dédiés, point de salut, estiment à la fois Amandine Guyoumard, cheffe du pôle Développement à la Fédération ADMR de la Vienne qui développe l'espace intergénérationnel Auxance à Vouille, et Kamal Alidjra de l'Association pour la promotion des personnes sourdes, aveugle (Aspa), chef de service à la Résidence Mézières à Saint-Benoît, dispositif d’habitat inclusif adossé à un foyer d’hébergement pour personnes en situation de handicap sensoriel.

D'autres projets pilotés par l'association Habitat des possibles estiment que la charte du vivre ensemble se structure entre habitants sans l'appui d'un animateur, éclaire Laetitia Rullier.

Chaque projet dépend des réalités du territoire, des volontés politiques, souligne Franck Vincent, directeur de l’Agence de Nantes Loire de la CDC Habitat. Tout projet est pluri-partenarial, ouvert au logement social et à l'accession à la propriété, s'appuyant sur les ressources du quartier comme la Résidence Iris à Saint-Sébastien-sur-Loire (44) : un modèle d’habitat intergénérationnel et accompagné.

Tout se joue sur les territoires, autour d'un engagement social et solidaire, explique Tristan Robet, co-fondateur du Béguinage solidaire.

De son côté, Raphaël Rogay, responsable du pôle d'appui aux politiques publiques et aux territoires au Gérontopôle Nouvelle Aquitaine, invite à questionner nos représentations dans les terminologies employées comme "habitats intermédiaires" : entre le domicile magnifié et l'Ehpad repoussoir alors que toutes ces formes d'habitats peuvent être un chez-soi positif… ou non. Ce terme "intermédiaire" renvoie à la notion d'étape à franchir avant de re-déménager ?

Le choix des mots a son importance pour susciter l'adhésion, l'engagement

Et pour mémoire : l'Observatoire de l’habitat inclusif piloté par la CNSA poursuit son plan de charge.

Retrouvez les intervenants de ces tables rondes en images

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