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Réseaux & territoires

Impossible de ghoster la crise des métiers du Grand âge

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 2 min

Date de publication 27/07/2022

1 commentaires

Difficile de passer à côté de tous ces anglicismes y compris dans l'aide à l'autonomie, dans les enjeux du vieillissement (et sa Silver Economie), dans les métiers du grand âge.

Difficile de faire face au "big quit", à la grande démission de ces personnels de la santé, de l'autonomie dans tous les secteurs : dans les services aux domiciles, dans les établissements d'accueil et même dans les dispositifs d'appui à la coordination (DAC). Ces derniers sont en quête de soutiens, de formations, de référentiels et systèmes d'informations mais surtout de temps pour se construire et être efficaces sur les territoires.

Il en faut de l'énergie pour faire face à ces fantômes, ces ghosts, qui ne préviennent pas et plantent les employeurs et donc les personnes en situation de vulnérabilité, du jour au lendemain.

Parfois ces employeurs font partie des plus grandes fortunes de France selon le magazine Challenges, mais très majoritairement l'aide à l'autonomie est porté par des acteurs publics et associatifs.

Ils courent tous après les appels à projets faute de financements mieux adaptés, alignés sur les actions de prévention, sur les démarches qualité déployées, malgré les gisements d'emplois, de richesses humaines qu'ils représentent.

Ils déploient vaille que vaille des pistes opérationnelles comme ces approches non médicamenteuses qui outillent et donnent du souffle à leurs structures : voir cette semaine les témoignages de gratitude du monde entier à la pionnière Naomi Feil qui fête ses 90 ans. Sa Validation® permet d'accompagner les troubles sévères du comportement. Elle est intervenue lors de nos colloques Agevillage/Humanitude sur ces approches non médicamenteuses (ANM). Voir le programme de notre 15eme édition les 8 et 9 novembre prochains, 2022 Odyssée de l'espace : vers des lieux de vie-lieux d'envies.

On le voit : les professionnels résistent mais le système craque. Les services aux domiciles annoncent des ruptures de réponses aux plans d'aides. Des services de long séjour ferment... alors que les besoins vont aller croissants, alignés aux enjeux sociétaux et climatiques.

On pourrait sortir par le haut avec des services territoriaux de l'autonomie structurés, dotés, avec des filières gériatriques reconnues, des services et établissements rassurants, de confiance, labellisés…

Faudra-t-il qu'ils agissent seuls, sans soutiens, face au fantôme, au ghost, nommé loi Grand âge ?

Jusqu'où les élus, les décideurs publics pourront-ils jouer avec la corde sensible ? Jusqu'où appuieront-ils sur le dévouement voire la culpabilisation des professionnels en première ligne, sans oublier les proches aidants ?

Impossible aujourd'hui de "ghoster" la crise des métiers du Grand âge.

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Pierre Caro

Cela demande une collaboration étroite et infaillible entre : les personnes âgées**, les professionnels***, l’État.

- Les premières doivent apprendre à bien vieillir longtemps en santé, autonomie et engagement dans la société. Elles doivent rechercher à limiter au mieux leurs recours aux soins et accompagnements de santé. Nous sommes tout de même une majorité d’âgés dans cette situation actuellement.
- Les seconds doivent trouver des « intérêts personnels et professionnels » par les formations, qui permettront d’envisager les satisfactions et évolutions d’une carrière assurée dans mes meilleures conditions de travail, de responsabilité, et de développement. Une communauté universelle doit se créer entre les chercheurs, les enseignants, les pratiquants qu’elles que soient leurs fonction, hiérarchie, responsabilité, afin de que tous s’enrichissent par leurs partages de réflexions et de pratiques.
- Le troisième à la responsabilité et le devoir de mener une politique de santé responsable, équitable et universelle par la mise en place des informations et formations avant et tout au long de la carrière. La prévention est le meilleur remède pour éviter, autant que cela puisse être, les accidents de la vie. Elle est aussi la condition première afin que des professionnels puissent répondre aux conséquences d’accidents.
Afin d’encourager à l’engagement responsable, il pourrait être étudié :
- à partir d’un engagement respecté de 10 ans : 1 an de retraite acquis ; - 20 ans : 2 ans ; 30 ans : 3 ans ; 40 ans : 5 ans… par exemple.
Bien entendu les salaires et rémunérations dès l’engagement en formation, doivent être incitatifs.

La situation est universelle, une collaboration réelle entre les Etats du monde doit être développée afin de faire face à l’augmentation des populations 8 milliards aujourd’hui ; 8,5 en 2030 ; 9,7 en 2050 ; plus de 10 milliards en 2080. Cette situation mondiale doit être prise en compte avec les diversités des situations régionales. « Plus de la moitié de l'augmentation prévue de la population mondiale jusqu'en 2050 sera concentrée dans huit pays : Égypte, Éthiopie, Inde, Nigéria, Pakistan, Philippines, République démocratique du Congo et Tanzanie » Source ONU juillet 2022.
Les moyens d’information, de communication, de transport ne permettent plus de limiter à l’Europe, voir à la France, les conséquences de ces situations nouvelles en développement.

Durant ces vingt-cinq premières années de retraite, 1997-2022, j’ai partagé réflexions et actions, sur les conséquences d’un long temps de vieillissement. Car si vieillir est une évolution normale, vieillir longtemps est une situation pour laquelle nous n’avons pas d’histoire en référence. Nous n’avons jamais connu une société de quatre, cinq générations dont deux, voir trois en situation de retraite et long vieillissement. Nous devons anticiper les conséquences de cette situation afin que les jeunes générations ne soient pas victimes de nos manques de politique d’anticipation et de création. Nous savons que le vieillissement concerne toutes les populations à partir de leurs situations actuelles****.
Une crise, considérée comme un moment difficile, souvent due à un manque d’anticipation, doit nous faire réagir le plus rapidement possible, avec les moyens et capacités en notre pouvoir, ou imaginer et créer dans l’urgence. Le risque est de ne pas vouloir en prendre conscience. « Le risque, chez Beck, est une anticipation d’une catastrophe. Le risque est devenu la mesure de notre action, il est une transformation de la modernité » La société du risque, Ulrich Beck, 2001 pour l’édition française.
En France, aujourd’hui, 16,7 millions de retraités, âge moyen d’entrée en retraite 62 ans et 6 mois pour les femmes, 61 ans et 11 mois pour les hommes. 29,2 millions d’actifs en 2019 en France.
Vingt-cinq années de retraite que j’ai voulu entreprendre comme une seconde carrière, dans un engagement professionnel bénévole, me font éprouver une gêne de savoir qu’avant retraite j’étais actif, que je ne le suis plus depuis un quart de siècle ! Je me suis souvent livré dans mes ateliers citoyens, à la lecture des annonces nécrologiques par des personnes de plus de 60 ans en général. Mourir avant 90 ans c’est presque trop tôt pour la majorité d’entre elles.
Alors pourquoi ne pas inviter des volontaires à entreprendre, comme je le fais, une seconde carrière… entre 60 et 80 ans par exemple ? Nous sommes nombreux octogénaires et plus, engagés, en bonne santé et autonomes, participant « activement » à la vie, au moins de nos territoires de vie.
C’est peut être une réponse à prendre en compte, à étudier, pour organiser cette « école de la troisième chance » que j’avais essayé de mettre en discussion, voici près de vingt ans, lorsque j’ai terminé mon temps d’apprentissage à la retraite 1997-2000 ? Proposer un temps d’apprentissage pour entreprendre une seconde carrière en situation de retraite… pour répondre aux problèmes du vieillissement des populations ? De nouvelles « carrières » de retraités doivent se « construire » avec la collaboration des intéressés (ou proches de l’être), afin d’apprendre pour comprendre les enjeux, entreprendre un bénévolat professionnel choisi, compris et créer pour un développement personnel et collectif.
C’est également une part de mes raisons de créer cette « Chaire citoyenne du bien vieillir longtemps » qui doit permettre d’apprendre ensemble pour développer un projet de vie en situation de retraite et de long temps de vieillissement.
Pour répondre, au moins en partie, « à l’impossibilité de ghoster la crise des métiers du Grand Age ? »

Bien à vous
Pierre Caro retraité professionnel

* Pratiquer le ghosting, ne plus donner signe de vie, disparaître du jour au lendemain, pour éviter la confrontation d’une rupture et ne pas avoir à se justifier.
** malades, handicapées… ayant besoin d’une assistance.
*** quel que soit l’emploi, niveau hiérarchique, le secteur d’activité, le territoire et/ou le pays.
**** A l’échelle mondiale, les plus de 65 ans qui constituent actuellement 9,1 % de la population, devraient en représenter 11,7 % en 2030, 15,9 % en 2050. Et les démographes évaluent leur groupe d’âge à 22,6 % en 2100. Mais qui peut affirmer ce qu’il arrivera d’ici là ? Le Monde .Martine Valo 18 juin 2019