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Qualité & management

Quand la mobilisation pour les métiers se retourne contre eux

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 23/02/2022

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Alors que les auditions se poursuivent à l'Assemblée nationale par la Commission des Affaires Sociales qui entend les dirigeants et le fondateur d'Orpea, les familles des résidents, leurs avocats, les anciens salariés et lanceur d'alerte, les représentants syndicaux, les associations de directeurs, la direction de Korian... force est de constater que la parole et la colère se sont libérées.

Le secteur privé commercial est clairement sur la sellette au lendemain de la publication des bons chiffres 2021 des groupes cotés en bourse.

De son côté le ministère se mobilise et après le Ségur 1 et 2, l'avenant 43 pour la branche de l'aide à domicile et le tarif socle APA/PCH, voici la conférence des métiers qui revalorise à hauteur de 1,3 milliard d’euros les professionnels oubliés.

Le ministère sonne la mobilisation générale pour valoriser l'importance des métiers avec notamment son plan anti-chute, transdisciplinaire, qui vise à réduire les chutes de 20 % en trois ans.

Sauf que dans le même temps, tous les financements ne suivent pas.

Le collectif des professionnels de l'aide et des soins s’alarme des départements qui ne suivent pas
, qui ne peuvent pas suivre, des plans d'aide qui se retrouvent réduits et qui impactent donc aussi ces métiers, les valeurs et l'énergie des professionnels, la qualité de vie toute simple des personnes directement concernées et leurs proches aidants.

Après les grèves de 2018, après la crise sanitaire qui n'est pas terminée et épuise, la déflagration du livre de Victor Castanet libère la parole.

Le système tient par l'abnégation des professionnels. Jusqu'où ?

Et quand le système écrase, les peurs se dépassent, les souffrances se disent, l'âgisme est pointé. "Il faut financer avant de contrôler" souligne l'AD-PA.

Individuellement et collectivement, nous ne voulons plus être complices d'un système qui écrase les valeurs et in fine les personnes concernés, les proches, les professionnels aussi.

Tous veulent défendre ces magnifiques métiers du lien (Cf. rapport Bonnell et Rufin), ces métiers invisibles.

A l'instar des rapports Libault, El Khomry et avant eux le Plan Solidarité Grand Age (PSGA), cela ne se fera pas à moyen constant. Il faudra plus de professionnels pour répondre à la fonction domiciliaire sans abandon de soin. D'autant que les besoins vont augmenter avec l'arrivée aux âges avancés des baby-boomers que l'on retrouvent notamment au Cnav, le collectif auto-proclamé de la vieillesse.

La mobilisation pour les métiers du grand âge ne se fera pas sans une vraie loi Grand Age, pour financer un vrai 5eme risque Autonomie (pour tous les âges) et un cadre normatif inspirant, transparent, à étoiles (au regard des tarifs), avec des ratios de personnels opposables dans des services, des accueils dans des domiciles attirants, pensés par les personnes concernées et non pour elles, alignés sur les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

Est-ce les suites des #Metoo ? Des #oldlivesmatter ?

La société murit.

Les souffrances se reconnaissent, à tous les étages et chacun veut qu'elles cessent. Celles des vieux, des vieilles personnes directement concernés, celles des proches aidants, des familles. Sans oublier les souffrances des professionnels des différents services, des établissements.

Et ce à la veille de l'élection présidentielle et législative.

Tous veulent être entendus, sans fausses promesses. Pour que le temps d'apprendre à vivre, il ne soit pas trop tard... en écho à la valse à mille temps des soins quotidiens, sur le terrain, comme l'expliquent Yves Gineste et Rosette Marescotti. Retrouvez l'ensemble des interventions de notre dernier colloque ANM (approches non médicamenteuses) sur le temps sur la plateforme accessible en ligne.

Pour que les mobilisations pour les métiers du grand âge ne se retournent pas contre eux.

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