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Qualité & management

De l'intérêt du lobbying

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 16/12/2013

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Annie de VivieLes gouvernements réagissent et agissent principalement en fonction des capacités d'action, de mobilisation des groupes de pression. Ces actions de lobbying sont maintenant intégrées aux fonctionnements des branches professionnelles, quelles qu'elles soient.

L'argument de poids aujourd'hui est l'emploi : gare à celui qui mettra à mal une filière qui embauche, qui investit (comme les EHPAD privés commerciaux face à un parc public voire associatif vétuste). Mais l'on voit aussi que les actions spectaculaires et mobilisatrices (manifestations, "bonnets rouges") favorisent des arbitrages. Pour autant, 22 000 emplois sont prêts à être créés selon l'AD-PA. A son échelle Agevillage mobilise : carte pétition en ligne, Collectifs comme "Une société pour tous les âges" (pour un vrai 5e risque).

Dans le secteur médico-social, les acteurs publics (hospitaliers, territoriaux), privés commerciaux (comme le Synerpa qui veut s'étendre de l'EHPAD aux domiciles, et ne veut pas d'encadrement des tarifs hébergement), associatifs (CICE, avantages fiscaux), établissements, domicile... Chacun déploie sa stratégie pour faire entendre sa voix et peser sur les arbitrages qui l'intéresse.

On entend peu les personnes directement concernées : les vieilles personnes fragilisées, leurs proches aidants même si ceux-ci pèsent 11 milliards d'euros dans l'économie de l'aide et des soins. Face aux lobbies des professionnels qui agissent encore en ordre dispersé, malgré les maltraitances, ils pèsent peu. Seuls les militants du "droit de mourir dans la dignité" ont obtenu l'ouverture d'un débat sur une nouvelle loi sur la fin de vie (vers l'euthanasie, le suicide assisté).

Mais face aux manques criants de moyens du secteur médico-social, les professionnels et quelques fédérations de retraités, de familles, ont bien du mal à faire entendre leur voix. A noter : Le Défenseur des droits se mobilise pour faire respecter les droits fondamentaux des personnes vulnérables.

Un exemple de lobbying qui n'a pas pesé : la CASA. Cette contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie a été ponctionnée sur les retraites. Elle devait servir à améliorer l'aide à l'autonomie des personnes fragilisées par l'âge, la maladie. En 2013, elle a comblé une partie du déficit du Fond de Solidarité vieillesse. Tolé des représentants des retraités, de la branche de l'aide à domicile, de l'AD-PA. Cette mobilisation a mobilisé plusieurs parlementaires, mais seuls 100 millions sur les 650 générés par la CASA seront bien fléchés vers l'aide à l'autonomie (70% vers les EHPAD, 30% vers le domicile) en 2014... sans plus de réaction à ce jour.

Un autre exemple : la consommation médicamenteuse. Le rapport Verger qui vient de sortir atteste une sur-consommation néfaste, un besoin d'information et de formation évidents (pour mémoire, l'approche Humanitude a démontré qu'il était possible de diviser par 7 la consommation des neuroleptiques dans un service gériatrique). Qui du lobbying des industries pharmaceutiques, des EHPAD en tarif global/partiel, des professionnels du prendre soin, des représentants des résidents et des familles ? Qui saura se faire entendre ?

Enfin cette semaine la signature du contrat de filière de la Silver Economie. Face aux besoins (valorisation, recrutements, formatins), une campagne des "Métiers du grand âge" avait été lancé en 2005 par Catherine Vautrin et puis reprise en 2009 par Valérie Létard. Aucune n'a pas abouti, au point que les acteurs s'activent seuls sur les salons de l'emploi. Et voici que se lance une campagne sur les métiers de la Silver Economie...

Quels seront les lobbies les plus forts ?

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