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Qualité & management

Ne rentrez pas chez moi !

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 03/11/2014

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Annie de VivieComment respecter l'intimité des personnes qui ont besoin d'aides quotidiennes ?
Notamment quand elles voient défiler chez elles, à leur domicile, dans leur chambre d'EHPAD (Etablissement pour personnes âgées dépendantes) des professionnels différents, souvent pressés, qui possèdent la clef ?

"Entrer chez l'autre" interroge la notion de "chez soi", de rencontre, de relation, d'envies réciproques... (N'hésitez pas à participer à l'enquête "Chez soi, ses choix").
Les services à domicile "entrent chez l'autre" et en EHPAD, considère-t-on vraiment la chambre du résident comme son domicile ? Quelle rigueur a-t-on avec la gestion des clefs, avec les intrusions intempestives ?

Mettons-nous à la place du résident, apprécierions-nous de voir entrer ainsi différents professionnels selon leurs obligations ou leur bon vouloir ?
"Mais, ils tapent tous à la porte avant d'entrer", me dit-on. Certes, mais attendent-ils ma réponse ?

Aux silences génés, on m'explique le poids des habitudes, le manque de temps, le fait que "de toute façon les personnes n'entendent pas, ne répondent pas"...

Dans un EHPAD de Marcol les Eaux en Ardèche, le respect de l'intimité a été mesuré. Toquer d'une certaine manière et attendre la réponse a été mis en oeuvre et le taux de réponses des résidents, notamment désorientés, a sensiblement augmenté. Nous sommes visiblement programmés pour répondre au "toc, toc, toc". Et si nous sommes prévenus, il est plus facile d'accueillir un professionnel qui vient proposer un soin.

Respecter l'intimité est écrit dans les recommandations, les "bonnes pratiques professionnelles" (respect des personnes, de leurs projets, de leur sexualité) mais ce respect n'est pas si évident à mettre en oeuvre.
J'ai même entendu une infirmière me dire qu'elle "n'était pas là pour ça" (toquer à la porte et attendre la réponse) mais pour "soigner".

Respecter l'intimité interroge donc la philosophie de soin. Or respecter l'intimité, prévenir de son entrée, fait partie du prendre soin, rappelle notamment la Philosophie de l'Humanitude. Sinon on risque d'être ressenti comme intrusif, de provoquer une réaction de rejet (CAP : comportement d'agitation pathologique).

On le sait, apprendre des techniques de prendre soin (Humanitude®, Validation®, Carpe Diem...), ne suffit pas si une philosophie n'interroge pas les gestes, les soins et si les principes ne sont pas affirmés dans le projet de la structure.
A la direction bien sûr de les incarner.
En effet si le directeur, le médecin, le cadre de santé, la gouvernante, ne toquent pas aux portes et n'attendent pas la réponse... cette obligation aura du mal à être respectée dans le temps.

Toquer à la porte et attendre la réponse. D'aucun jugerait cette pratique comme "du bon sens". Mais ce n'est pas simple : Quelles solutions pour les personnes malentendantes (sonnerie et alerte visuelle) ? Quelles règles pour les clés des personnes notamment désorientées ? Quelles sanctions en cas de non respect ?

Et oui, entrer chez l'autre pose de nombreuses questions.
Mais je suis sûre que vous n'aimeriez pas que l'on entre chez vous sans s'être annoncé.

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