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Réseaux & territoires

Le coût des EHPAD devient la bombe à fragmentation du système de santé

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 08/12/2014

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Annie de VivieA l’occasion de la conférence parlementaire ce 4 décembre à Paris sur le thème « De la dépendance à l’autonomie, comment relever le défi du vieillissement ?", la question du « reste à charge » en ehpad a été évoquée comme un problème majeur.

Qualifiant de "vieille lune" le projet de "cinquième risque », qui devait solvabiliser la compensation des handicaps des personnes âgées, Luc Broussy, élu local, chef d’entreprise, nouveau président du CNR Santé, a pourtant admis que la question du reste à charge en Ehpad posait de graves problèmes.

On le sait :
le coût d’une maison de retraite médicalisée repose principalement sur les personnes âgées et leurs familles, qui, dans la majorité des cas, ne peuvent y faire face. Aussi, fait-on appel aux services publics.

Marc Bourquin,
directeur du pôle médico-social de l'Agence Régionale de Santé (ARS) Ile-de-France, a cité quelques exemples. « En quatre ans, le taux d’hospitalisation des plus de 85 ans a augmenté de 24%". "Le nombre de personnes très âgées qui encombrent les lits de soins de suite est très élevé. Pourquoi ? Parce que le reste a charge en soins de suite est de 18 € (forfait hospitalier) contre au moins 80 € en Ehpad". Pour lui : "La question du reste à charge dans les ehpad est dramatique ».

En écho à de nombreux rapports (HCAAM), Marc Bourquin
constate que notre système de santé est conçu pour traiter les problèmes de santé aigüs, pas les problèmes de santé chroniques et donc pas la perte d’autonomie. La non-réforme du système de santé pose donc des problèmes sociaux et financiers majeurs.

Lors des dernières Assises des médecins coordonnateurs,
le même Marc Bourquin avait fait part de son inquiétude quant au devenir de l'expérimentation de mutualisation d'infirmières de nuit menée dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) franciliens. L’expérience est positive avec des économies sur les hospitalisations qui sont considérables, et une bonne amélioration du suivi des soins palliatifs et de la fin de vie, avait-t-il fait valoir.
Sauf que cette expérience ne peut être généralisée faute de changer les règles du jeu à la fois en termes d'autorisation mais aussi en termes de flux financiers.

Le directeur général de l'ARS dispose d'enveloppes financières "ciblées", dont il ne peut disposer à sa guise. La vingtaine de millions d'euros qui seraient nécessaires pour généraliser les équipes mutualisées d'infirmières en Ehpad, - économie potentielle de 80 ou 100 millions d'euros pour le système de santé – ne peut être mobilisée faute de pouvoir transférer ces ressources du champ sanitaire MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) à celui du médico-social qui regroupe les Ehpad.

De nombreux rapports appellent à la fongibilité de ces crédits en tuyau d'orgue, sans échos favorables à ce jour.

Aussi le reste à charge dans les maisons de retraite devient une bombe à fragmentation de tout notre système de santé.
Avant l'EHPAD de demain présenté à Lille, rappelons que le groupe de travail sur la tarification de ces EHPAD se réunit (enfin) cette semaine à la DGCS.
Il y a urgence.
Et cette fois-ci, ce ne sont plus seulement les familles ou les professionnels qui l'affirment mais les Agences régionales de santé (ARS).
Leur poids politique sera-t-il plus déterminant ?

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