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Politiques grand âge

Vieillissement : une question de conviction politique

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 02/07/2012

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Annie de VivieMalgré moults rapports, recommandations et ce depuis 1962 (rapport Laroque), l'Arefo-Arpad, dans un ouvrage anniversaire intitulé "la force d'une conviction", constate que ni les politiques, ni l'Etat, ni les grands acteurs nationaux ne font preuve d'une réelle "force de conviction" pour déployer une politique vieillesse digne de ce nom.

On le sait, les acteurs politiques réagissent aux rapports de forces, à la puissance des lobbies, des contre-pouvoirs, des succès des manifestations. "Nos poliques sont comme nos concitoyens : ils manquent de conviction quant aux réponses au vieillissement" estime Alain Lercef, de l'Arefo Arpad, qui rêvait il y a peu que les vieilles personnes dans l'incapacité de financer des services dignes pour compensation de leurs handicaps, bloquent une autoroute, un périphérique parisien.

Après la deuxième guerre mondiale, il a fallu que la faiblesse des retraites et l'indigence des offres de services, d'hébergement aux plus âgés fassent scandale pour que des réformes se déploient : loi de 1975 sur "l'humanisation des hospices", déploiement de l'aide à domicile, puis réflexions pour une prestation individuelle (la PED, devenue PSD qui deviendra l'APA, avec les limites actuelles qu'on lui connait au vu des tensions qui affectent aujourd'hui le budget de l'Etat.

Les réformes ont lieu par crises successives comme celle qui a eu lieu en 2003 quand la canicule a tué 14 802 personnes âgées. Cet évènement a révélé notre incapacité collective à accompagner sereinement le vieillissement. La réaction nationale fut la recette du jour férié, la création de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie).

Sur le terrain pourtant, dans les communes, les intercommunalités, les initiatives se multiplient (comme dans le pays de Pévèle raconté cette semaine) pour accompagner au mieux les personnes âgées. Manquent toutefois un cadre, des politiques structurées nationalement quant à l'évaluation de la situation de chaque personne, quant à la définition et la coordination d'un plan d'aides personnalisées et financées.

Mais quelle vision domine aujourd'hui sur le vieillissement ?
Vieillir reste lourd de non dits, de tabous, de rejets. Pas facile d'imposer une conception positive de cette partie de la vie à ceux qui ne veulent surtout pas vieillir (comment avancent-ils en âge ? mystère !); à ceux qui refusent l'idée de la maison de retraite, du handicap et prônent jusque l'Euthanasie (voir l'analyse cette semaine de E.Hirsch); à ceux qui ne voient dans les mots "vieux, vieillesse, vieillissement" que des gouffres financiers...; à ceux qui associent vieillesse avec maladie et poussent à la médicalisation, voire la sanitarisation.

Michèle Delaunay a ainsi dû batailler ferme pour faire évoluer le nom de son ministère de "dépendance" en "autonomie".
"On ne parle pas du ministère de la maladie quand on nomme le ministère de la santé" a-t-elle souligné la semaine dernière pour l'anniversaire d'un de nos confrères.

La FEHAP voudrait que l'autorité de l'Etat ose travailler sur "la vérité des coûts" des services pour répondre aux besoins des personnes âgées qui se fragilisent, aux personnes handicapées qui vieillissent. Elle souhaite aussi que les crédits votés soient utilisés et non repris pour combler des déficits. Les besoins sur le terrain sont trop nombreux. Les restes à charge pèsent trop lourds pour les résidents et leurs proches.

Il faudra une très forte dose de conviction de la nouvelle ministre des personnes âgées et de l'autonomie, pour positionner positivement les enjeux du vieillissement dans les arbitrages inter-ministériels. Pour définir le panier de services à domicile (portage de repas, compagnie, bricolage, jardinage, transports, aides à la citoyenneté, gérontechnologies... dont le taux de TVA est interrogé par Bruxelles cette semaine). Pour soutenir des parcours résidentiels avec des offres d"hebergements accessibles, diversifiées, complémentaires, cohérentes.
Leurs coordinations, leur labellisation qualité demanderont des arbitrages, obligeront les acteurs à revoir leurs prérogatives, bousculeront les territoires, les corporatismes.

A nous tous de jouer.

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