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Qualité & management

Bonnes pratiques : zoom sur Resautâge, le réseau des espaces et solutions pour l’autonomie à tout âge

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 5 min

Date de publication 06/09/2023

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« L’innovation ne peut se penser sans une approche globale et systémique »

Appartements témoin, maisons, camions mobiles… Les lieux de démonstration, de formation et de conseils sur les aides techniques fleurissent un peu partout en France, mais restent méconnus du grand public comme des professionnels. Afin de faire le lien entre les différents porteurs de ces structures, mais aussi de tirer parti de leurs expériences diverses, le Technopôle Alpes santé à domicile et autonomie (Tasda) a créé le réseau Résautâge en 2019, avec le soutien de Leroy Merlin Source. Explications de Véronique Chirié, directrice du Tasda, Thérèse Rondeau, ergothérapeute au Tasda et Pascal Dreyer, coordinateur scientifique Leroy Merlin Source.

Comment est né Résautâge ?

VC : Lorsque le Tasda a lancé son projet d’appartement témoin en 2017, avec un bailleur social et l’Una Isère, nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas les seuls à porter ce type de démarche. Nous avons donc créé le réseau, qui a tout de suite intéressé les autres structures : 13 se sont manifestées pour la première réunion.

TR : Aujourd’hui, Résautâge compte 19 membres, qui représentent 21 espaces de sensibilisation pour l’autonomie (espa). Mais il en existe beaucoup d’autres.

Avez-vous pour but de construire une cartographie de ces espaces de démonstration ?

VC : Oui et non. Oui, parce qu’un annuaire des espaces a un intérêt pour les professionnels et les bénéficiaires, et non car il existe énormément d’acteurs, qu’il est difficile d’identifier, notamment quand il s’agit de petites structures.

Justement, qui sont les porteurs de ces espaces ?

VC : Il peut s’agir de CCAS, d’associations, de structures d’aide à domicile…

TR : Certains sont aussi des Cicat, des technicothèques, des labs, et des organismes de formation.

VC : Également des centres hospitaliers, des centres de prévention Agirc-Arcco… Mais tous les acteurs concernés par le sujet du vieillissement et de l’autonomie sont susceptibles d’ouvrir des espaces de démonstration.

Que peuvent trouver les particuliers et les professionnels dans ces lieux ?

VC : Selon le porteur du projet et du lieu, ces appartements n’ont pas tous la même dynamique. On distingue trois missions : la sensibilisation du grand public, la sensibilisation et la formation des professionnels, et l’évaluation d’innovations en matière d’aménagement du logement.

Par ailleurs, les modalités de portage du projet ne sont pas forcément les mêmes. Si le lieu est porté par une structure qui réalise des évaluations, comme un CCAS, on peut être dans une logique de parcours : le professionnel évaluateur peut orienter vers ces espaces. D’autres proposent des actions hors parcours, comme des ateliers, des conférences, qui peuvent être financées par la Conférence des financeurs.

TR : S’il s’agit d’organisme de formation, ils seront plutôt centrés sur des professionnels : ceux du champ du vieillissement et de l’autonomie, mais aussi les artisans du bâtiment et tous les professionnels susceptibles d’accompagner les personnes vieillissantes et âgées.

PD : Ces espaces sont aussi très importants pour permettre, par tache d’huile, aux professionnels de servir d’intermédiaire entre les aides techniques et les particuliers.

Quels sont les objectifs de Résautâge ?

VC : Notre priorité est de produire des ressources pour les espa qui adhèrent à la démarche afin que le réseau ait un sens pour lui-même. Nous nous réunissons deux fois par an, et menons des travaux transverses : nous proposons des sujets, nous collectons des informations au sein du réseau, nous les travaillons, nous écrivons des rapports et des articles de valorisation, nous les restituons aux membres du réseau…

TR : La notion de partage est primordiale (…). Tous les membres sont sur un pied d’égalité, de même que les représentants des espa qui peuvent être des responsables de service ou des opérationnels, ce qui donne confiance et liberté de parole à chacun.

PD : Le réseau permet aussi aux acteurs de se rencontrer. Même s’ils sont très insérés dans leur milieu professionnel, ils sont assez isolés sur la question de l’espace de démonstration. Là, ils peuvent parler avec des pairs.

Sur quels sujets travaillez-vous en particulier ?

VC : Nous avons démarré par les outils de communication. La communication est compliquée, en direction des professionnels comme des seniors. Nous avons commencé par mettre en commun les termes utilisés au sein des espa du réseau pour toucher les publics, puis les différents supports (flyers, vidéos, questionnaire de satisfaction, etc.),…

TR : Nous avons du mal à faire venir le grand public. Car même si ce sont des lieux qui ne sont pas stigmatisants, ils peuvent encore être perçus comme tels. Ils offrent un espace de dialogue où il n’y a rien à acheter, ni de comptes à rendre à personne. Il est plus facile de faire venir des étudiants, des stagiaires, des professionnels du bâtiment ou de l’aide à domicile. Mais les particuliers se disent « je n’en suis pas là ». Il faut donc leur démontrer l’intérêt de venir dans les espa de manière sereine.

PD : Par rapport aux enjeux sociaux liés au vieillissement, je pense que collectivement nous n’avons pas encore trouvé la bonne martingale. Ni les politiques publiques centrées sur la salle de bain et les WC (et donc le discours très anxiogène de la chute et de l’hospitalisation), ni le discours des acteurs économiques qui se calent sur la politique publique ne répondent aux vrais enjeux du rester chez soi des personnes. Il y a dans le vieillissement chez soi de vrais enjeux de confort et de bien-être qui ne sont pas mis en avant en raison d’une approche encore centrée quasi exclusivement sur les risques et la peur. Par ailleurs, pour la grande majorité des Français, une adaptation concerne une situation de handicap, or les personnes qui vieillissent ne se sentent pas en situation de handicap. Elles ne vivent pas l’aide technique comme un moyen de compensation permettant de continuer à vivre comme on le souhaite, à mener les activités que l’on a l’habitude de faire.

Ces connaissances sont-elles partagées en dehors du réseau ?

VC : Toute cette connaissance nous permet de répondre aux demandes d’appui. Un CIAS en Isère, qui souhaitait développer un espace de démonstration adossé à un espace de formation des professionnels nous a par exemple demandé de les aider à définir cet espace.

Autre exemple, un Greta qui voulait des conseils pour ouvrir un lieu ouvert au public a fait appel au réseau pour venir en soutien du comité de pilotage.

PD : Le réseau est encore jeune, encore en train de constituer ses savoirs. Mais nous commençons à réfléchir à des supports de valorisation, pour montrer au moins les différents modèles possibles, donner des clefs de pensée et de réflexion aux futurs porteurs d’espa Les premières publications devraient être disponibles fin 2023 – début 2024.

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